L’expression « prévoir le futur » laisserait supposer que l’avenir est écrit ! C’est une question de philosophie personnelle. Mais pourquoi certaines exploitations s’en sortent-elles mieux que d’autres ?

Peut-être parce que certains exploitants se préparent autrement que les autres. Peut-être aussi ont-ils une méthode différente de celle des autres.

Aborder l’avenir différemment

Entre fatalité et libre-arbitre

Tout est question d’attitude ; on regarde passer le train ou on décide, un jour, de monter dedans. Ceux qui réussissent font des paris. Des paris sur l’avenir, plutôt que d’être amenés à agir face à une situation qu’ils n’ont pas voulue.

Hors, rien n’arrive sans cause ; on peut considérer que beaucoup des choses qui arrivent sont les conséquences de décisions de telle ou telle autorité ou juridiction. Donc, des décisions d’hommes et de femmes.

En effet, si on croit au hasard, rien ne serait prédictible. Considérer que l’on ne peut pas prévoir le futur est une vision plutôt fataliste, certes, mais parfaitement compréhensible.

Choisissons le libre-arbitre

Si on regarde les événements comme une suite logique et la conséquence de ce qui aura pu être mis en place par une « autorité », on doit pouvoir agir. Ce n’est pas pour autant qu’il faut s’en satisfaire, ni s’y résigner ! La preuve étant que, souvent, une réforme, un texte, déclenche de nombreuses réactions car ils vont à l’encontre des intérêts des professionnels concernés.

Si on peut agir ainsi, on peut faire évoluer les choses.

Et si on peut agir ainsi, autant essayer de poser des hypothèses.

Envisager des scénarii différents

Lorsque l’on établit une étude prévisionnelle, que fait-on sinon poser des hypothèses ? C’est une méthode qui donne de bons résultats dans tous les secteurs d’activité car elle éclaire les choix. Elle s’applique parfaitement à l’agriculture dont le contexte est de plus en plus incertain, parce qu’il n’est plus tracé. Et ce que l’on considérait comme des « garde-fous », disparait.

Exemple :

Mon fils veut revenir sur l’exploitation. Le revenu n’est pas suffisant aujourd’hui pour faire vivre deux associés. Il faut générer plus de marge.

Le premier scénario va explorer la stabilité du foncier. Le propriétaire, son âge, ses besoins financiers, ses descendants, leur envie d’exploiter les terres, les risques de vente, …

Autre base de scénario, la position de l’exploitation. En bordure d’une agglomération ou d’une ZA, d’un ouvrage routier, dans un secteur susceptible d’être urbanisé, …

A ce stade, on peut déjà identifier de nombreuses questions qui méritent des réponses aussi précises que possible.

Poursuivant l’exploration de « futurs possibles », mener un examen exhaustif des moyens matériels dont on dispose. État du parc, des installations, la proximité de l’exploitation avec les habitations, le comportement des habitants vis-à-vis de l’activité, …

Et ainsi de suite jusqu’à explorer toutes les composantes de l’exploitation.

Être en veille sur ses marchés, ses activités et organiser son système d’information

L’agriculture est largement soumise à des réglementations nationales découlant, souvent, de directives européennes. Aussi, en suivant les textes en préparation au plan européen, on peut aisément imaginer qu’ils trouveront leur application au plan français 2 à 3 ans après. Il convient alors de se tenir informé en s’organisant. Une fois encore, en s’inspirant des méthodes de l’industrie.

  • Définir clairement votre objectif. Cela peut être surveiller l’évolution de l’opinion sur votre métier, suivre les tendances de son marché ou se tenir informé des évolutions du métier.
  • La fréquence de la veille, le temps à y consacrer ; 1h par semaine, 1h par jour, 2 h par jour, … Régularité, méthode sont de mise. Mais attention à se garder de toute boulimie d’informations. Pour cela, classer ce qui peut avoir de l’importance pour plus tard.

Multiplier les canaux de communication

  • Identifier clairement les sources d’information et sélectionner médias et blogs référents dans le domaine ou le secteur. Suivre les confrères qui communiquent sur les RS, assister aux événements des organisations professionnelles, adhérer à des réseaux professionnels.
  • Ce n’est pas l’information qui est intéressante, mais l’usage et la synthèse que l’on en fait, ce en quoi elle éclaire la réflexion, le profit que l’on peut en tirer.
  • Partager ses infos peut amener à bénéficier d’autres points de vue. Que ce soit avec ses clients, avec ses fournisseurs, ses associés ou ses collègues.

Etudier plusieurs scénarii pour pouvoir réagir plus facilement

Toute crise laisse des traces profondes et irrémédiables dans les entreprises. Mais une crise est aussi parfois synonyme de mutation. Faire le pari que l’on peut, ou que l’on doit, sortir « autrement » d’une grande turbulence, est déjà un pas vers l’adaptation et l’évolution. Choisir de ne rien changer est aussi un choix !

Puisque l’on ne peut pas prévoir le futur, autant l’explorer ou l’inventer… Comme écrivait Henri Bergson (1859-1941), « L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire ».

Certains vont même jusqu’à dire que le futur proche n’est qu’un résultat statistique. Pourquoi ? Ils s’inspirent de travaux et d’expériences menées autour de l’intelligence artificielle, dans laquelle des calculateurs analysent les données et, grâce à des algorithmes, proposent l’hypothèse la plus probable.

Conclusion, comme écrivait encore Henri Bergson (1859-1941), « Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d’action ».