Un des grands enseignements de l’année 2020 est que les français redécouvrent l’intérêt du « circuit court ». Peut-on adopter (adapter) un modèle unique de production agricole ?
Combien d’habitants de votre village pouvez-vous nourrir ?
L’outil de simulation en ligne « Parcel » permet de calculer le nombre d’habitants pouvant être nourris avec une surface donnée.
Plusieurs questions se combinent pour déterminer l’attitude des consommateurs. Manger local, soutenir la production locale, retrouver des légumes de saison, adopter une nourriture plus saine, … A cela s’ajoute leur perception du mode de culture et des appréciations très diverses.
Un outil au service de la réflexion
L’outil de simulation « Parcel » mis en ligne au printemps 2020 apporte des éléments de réflexion, mais non de choix.
Il suffit de saisir la surface de sa commune ou de son exploitation. Choisir ensuite l’équilibre alimentaire à atteindre (situation actuelle ou différente). On obtient alors le nombre d’habitants pouvant être nourris avec la surface indiquée.
En fonction des contraintes, le résultat est peut-être irréalisable. On peut alors faire varier la proportion de terres entre fruits, légumes, céréales et productions fourragères.
L’outil de calcul mesure aussi les répercussions sur le système global
En plus d’évaluer la surface nécessaire pour nourrir les habitants, « Parcel » évalue les impacts écologiques et aussi les répercussions en matière d’emplois. Il mesure en particulier l’empreinte carbone. Le calculateur ne s’enferme pas dans un modèle unique, celui du BIO, mais il en fait clairement la promotion. On peut modifier les hypothèses de calcul. Par exemple, réduire de 25% sa consommation de viande. Ou encore rester dans un système 100% conventionnel.
Une fois encore, ce modèle informatique ne doit pas être pris au pied de la lettre. Les résultats peuvent aussi bien déboucher sur une réflexion individuelle que collective (ou semi collective). En allant plus loin, c’est aussi l’échelon collectivité qui peut s’associer à cette démarche avec, par exemple, l’approvisionnement partiel des cantines scolaires.
Prendre en compte plusieurs autres éléments avant de valider un choix
Naturellement, la réflexion induite aboutit à considérer la question de la productivité de notre agriculture. Selon les hypothèses et le type de modèle choisi, on peut passer de 80 voire 100 personnes nourries par 1 actif agricole à moins de 30 personnes nourries dans un système « tout BIO ».
Par exemple, pour une population de 1600 personnes, la « relocalisation » en « tout BIO » nécessiterait 600 hectares, induirait 20 emplois et aurait un impact de -39% sur la création de GES.
La production « conventionnelle et relocalisée » mobiliserait 530 hectares cultivés par 11 personnes, sans impact sur la variation des GES.
C’est un exemple extrême qui n’a cependant pas de réalité car il nécessite l’adhésion de tous les agriculteurs à ce modèle.
L’outil de calcul « Parcel » éclaire la réflexion, mais ne résout pas tout le sujet
Mais ce n’est pas tout. La relocalisation n’a de sens que si elle procure une rémunération décente aux producteurs et aux actifs. Il faut aussi disposer de la main d’œuvre en nombre et en qualité.
De plus, il faut considérer que la nourriture produite, même localement, pourrait avoir un surcoût, car davantage de personnes seraient embauchées pour sa production.
Enfin, tous les territoires ne peuvent accueillir des productions de type « polyculture élevage ». Simplement parce que le contexte pédoclimatique est spécifique à ce type de production, BIO ou conventionnelle.
Il faut aussi considérer l’échelon « transformation ». Ce critère n’est pas pris en compte dans les résultats induits dans l’outil de calcul « Parcel ».
Il serait donc dangereux de penser que la relocalisation de la production de nourritures puisse s’accommoder avec l’autarcie ou l’autosuffisance alimentaire à un échelon local.
- Terre de Liens est un mouvement citoyen français dont l’une des ambitions est de supprimer le poids de l’acquisition foncière pour les agriculteurs, ainsi que d’œuvrer à la préservation du foncier, en luttant notamment contre la spéculation foncière et l’artificialisation des terres agricoles. Il est né en février 1998.
- La FNAB, est née en 1978 de la volonté d’agriculteurs vivant d’une agriculture biologique de fédérer au sein d’une structure associative un maximum d’associations.
- BASIC, Bureau d’Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne.
Article précédent
Article suivant