L’agri tourisme était à l’honneur, le 7 septembre 2021, sur le stand Cerfrance d’InnovAgri. Les visiteurs ont pu découvrir des expériences différentes et des points de vue très instructifs.
Trois témoins, trois motivations, trois expériences d’agri tourisme
Nos trois témoins étaient :
- Luc THOMAS, président des Gîtes de France du Loiret depuis quatorze ans ;
- Rémy DUMERY, cultivateur beauceron à 30 km d’Orléans, alias Dumdum sur les réseaux sociaux ;
- Adrien GABILLET, fondateur de la Start Up bretonne, « AgriVillage ».
Luc THOMAS et Rémy DUMERY reflètent une vision, certes classique de l’accueil à la ferme. Mais leur posture est réfléchie et 100% adaptée à la situation du marché et aux attentes des clients.
Leur démarche remonte à plusieurs années, avec, au départ, le besoin de valoriser un bâti agricole de caractère, le sens du contact et l’envie de participer à la communication sur le métier d’agriculteur.
Adrien GABILLET quant à lui surfe sur une attente d’une société, plutôt citadine, qui s’est affirmée en 2020 avec une recherche de sens et de liberté.
Une offre importante dans le Loiret
Ce départements a été très prisé par les citadins dès la fin des règles du confinement. Dès le printemps, ils ont voulu s’évader et profiter de l’assouplissement des mesures restrictives. Avec plus de 360 « bonnes adresses », le Loiret propose une grande diversité de destinations. L’offre comprend toutes les formes d’accueil de l’agri tourisme, depuis la chambre d’hôtes, les gîtes « simples » et les gîtes de groupes jusqu’aux chalets. Les exploitants de ces structures restent pour près du tiers, d’origine agricole.
Les clés de la réussite d’un accueil à la ferme
La motivation première est souvent la valorisation d’un patrimoine typique. Elle est aussi le besoin de « rencontrer du monde » et, plus secondaire, la constitution d’un complément de revenu ou de retraite. En effet, après la phase de rénovation qui mobilise des ressources financières, vient la rentabilité. Mais « pas tout de suite », confie Luc THOMAS… En effet, même avec un « bon » taux de remplissage (30 semaines par an), un gîte aménagé pour 4 personnes peut générer un chiffre d’affaires de l’ordre de 10 000 euros par an.
Mais surtout, quand on est agriculteur, il faut mener cette activité selon des exigences propres. Cela ne peut pas et ne doit pas, être une activité secondaire, au sens de « mineure ». « La moisson avec un gîte, cela tombe… pendant la moisson des céréales ! ». « Gîtes de France », 2ème marque d’accueil en France, insiste autant sur les conditions matérielles que sur tous ces autres aspects. A titre d’exemple, et non des moindres, un gîte de groupe mobilise le weekend. Avec des chambres d’hôtes, on a du monde à sa table tous les matins pour le petit-déjeuner. « Il faut faire passer le service avant son travail au champ ou à la bergerie ! ».
Des besoins qui évoluent
L’expérience de la start up « AgriVillage » est éloquente. Les citadins sont en recherche de sens, ils sont très attirés par les accueils qui allient culture et élevage. Même sans grande connaissance du milieu, ils découvrent un monde qui leur est étranger. Ils y trouvent un écho à leur envie de découverte. Ainsi, la sélection de cette entreprise qui vend des destinations d’agri tourisme propose une majorité de destinations « ferme avec élevage ». En effet, le concept est de proposer, avec l’hébergement, une activité de découverte à laquelle les clients participeront activement.
Dans son catalogue, « AgriVillage » propose aussi des hébergements insolites. « Le profil type de nos propriétaires est celui qui a du temps à consacrer sur une exploitation à taille humaine. L’idéal est de proposer également des produits en vente directe ou issus de fermes voisines ».
Mais cela n’est pas aussi simple et il faut prendre en compte des contraintes nouvelles liées à la ruralité. Par exemple, les nouvelles populations sont attentives à la distance entre le gîte et la gare la plus proche… Ils restent pourtant majoritaires à considérer que leur destination est « un lieu de repos » et ils sont sensibles à l’histoire et à l’héritage des lieux et du village.
L’agri tourisme, une expérience riche et encourageante
Envie de partager, disponibilité, écoute, diversité, … sont autant de règles à intégrer pour réussir une telle activité. Il faut aussi « étonner » par la découverte. Ainsi, Rémy DUMERY relate une anecdote ; un couple s’est étonné de l’espace et des dimensions tant du bâtiment que du paysage autour. Luc THOMAS a été marqué par ce néerlandais qui ne savait pas d’où venait la matière première nécessaire à la fabrication de… la bière. Alors qu’il travaillait pour une grande firme de bières ! Il est reparti avec un échantillon d’orge dans un petit sac en papier… Adrien GABILLET estime qu’il a rempli sa mission quand des clients font une seconde réservation ; ils ont découvert ou redécouvert l’agriculture, la campagne et les hommes et femmes qui l’animent.
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