InnovAgri 2021 a tenu ses promesses. Plus concentrés, les stands et les présentations ont illustré le maitre mot de cette édition 2021 « Re-start » comme un écho à re-trouver, re-prise ou Re-lance…
Les mille et une facettes de notre agriculture française
Il n’y a pas « une » mais « des » agricultures. Il y a donc plusieurs manières de mener son exploitation. En effet, elle se modèle en fonction de ce que l’on a choisi de faire et par rapport au marché que l’on vise.
Cela est apparu encore plus vrai la semaine dernière, à Outarville. Et la réponse des fournisseurs est multiple. Pas étonnant donc, que l’on voit de tout à InnovAgri !
Du plus grand au plus petit
Le visiteur néophyte aura pu découvrir le gigantisme de certaines « machines », mais aussi, en déambulant, des installations de « petite taille ». Pour preuve, cette « barre de coupe » de 13,80 m qui épouse les formes du terrain. Ou encore ce pulvérisateur traîné avec une cuve de 7 500 litres. Ou encore ce modèle de tonne à lisier disponible en capacité allant de 6 à 26 000 litres…
Et à l’opposé, les chaines de tri de céréales et séparateurs qui peuvent « travailler » des petits lots avec des débits lents, de l’ordre de 10 qx/heure. Cela semble particulièrement adapté pour les exploitations très diversifiées ou celles qui développent la production « BIO ». On découvre aussi que le robot fait sa grande entrée en cultures de plein champ avec une précision remarquable.
Toujours plus précis
Ce qui frappe le visiteur, c’est l’omni présence de l’électronique. On connaissait les GPS pour assister la conduite des tracteurs et des automoteurs. Très vite, ils deviennent un allié pour moduler les doses de produits de traitement. On peut aussi bien laisser l’appareil moduler seul la dose ou le débit, que limiter le traitement aux « ronds » de mauvaises herbes détectés…
Les robots existent en agriculture depuis plusieurs années. Force est de constater que les plus grands progrès ont eu lieu en élevage (salle de traite ou alimentation) et en maraîchage. En effet, ces productions nécessitent de la main d’œuvre qui fait parfois défaut.
Le robot « a de la mémoire ». Il enregistre la position de la graine qu’il sème et réalise ensuite un binage ultra précis, sur le rang et entre les rangs. Alimenté par panneaux solaires, ces appareils peuvent ainsi fonctionner 24h sur 24 ! Et « sans se mettre en grève » comme disait un visiteur…
Stockage, séchage, nettoyage, triage, manutention des grains et récoltes, l’automatisation et le gain de temps font partie du « paysage ». Le suivi des températures de séchage des grains en cellules, pour une meilleure traçabilité, sera alors une assurance de la qualité souhaitée. Le marché a ses exigences.
Enjeux environnementaux et enjeux de société
Le village Agroécologique d’InnovAgri accompagne l’évolution des techniques pour adopter des pratiques respectueuses du sol en intégrant les impératifs d’une agriculture actuelle. Agro écologie, agro foresterie, préservation des sols et de leur fertilité, … Au-delà des mots, c’est une réalité ! Les aides de la PAC sont de plus en plus conditionnées par l’application de certaines règles de culture. Contrainte pour les uns, cela devient opportunité pour d’autres. Culture simplifiée (TCS) ou réduction des doses de produits phytosanitaires (IFT) font partie des préoccupations des constructeurs. Ce dernier indice est, rappelons-le, mis en œuvre dans plusieurs politiques publiques, en particulier le plan Ecophyto et le projet agro-écologique. Celle-ci vise une triple performance économique, sociale et, bien sûr, environnementale. Et la prochaine PAC fait une large part à la HVE, Haute Valeur Environnementale.
La productivité du travail vu par InnovAgri
Les matériels sont de plus en plus asservis ou pilotés grâce à l’électricité ; on trouve des semoirs à distribution « forcée » qui permettent des allures de semis jusqu’à 15 km/h ! Cette technologie autorise aussi d’emmener de grandes largeurs avec des châssis qui permettent de moduler le nombre d’éléments semeurs.
L’alliance du « lourd » et de la finesse est particulièrement marquée sur plusieurs matériels de semis direct. Les châssis sont lourds et compacts, mais ils portent des éléments « semeurs » très fins. Ceux-ci assurent un travail régulier et une bonne efficacité en tous types de terrains et en toutes conditions.
Les constructeurs affichent ouvertement leur ambition d’améliorer le confort et réussissent l’adéquation de l’efficacité et de la productivité. Ils proposent aussi des appareils plus compacts qui facilitent les déplacements. Les agriculteurs demandent « de la simplicité pour la mécanique », « une facilité de transport sur route » et « une largeur maîtrisée ».
Les autres visages de l’agriculture
L’agro tourisme était au cœur des débats lors d’une table ronde organisée sur le stand Cerfrance, pendant le salon. Trois expériences ont montré que cette diversification a un bel avenir devant elle. L’une d’elles s’inspire des espaces de co-working. Une autre, tout en restant « classique », met en avant le rôle joué dans la communication avec les « non-agriculteurs ». Le dernier témoignage a montré une alliance parfaite de la promotion d’une offre sur une plateforme internet avec une offre de location ciblée sur un public précis, celui des citadins de grandes villes.
L’aide aux projets et leur accompagnement fait partie de l’ADN de Cerfrance. On a pu le constater à nouveau avec l’expérience d’AGRI’UP présentée. Certains projets d’agriculteurs sont devenus tellement lourds et importants qu’ils requièrent un accompagnement spécifique. Cela peut aussi bien prendre la forme d’un projet de méthanisation que l’achat ou la cession d’une exploitation. AGRI’UP propose son appui jusqu’à la recherche de financements qu’il soit bancaire ou en provenance d’investisseurs privés.
Et finalement …
L’agronomie reste la base du métier. Rassemblés dans plusieurs « Villages », les exposants d’InnovAgri proposaient donc leurs nouveautés pour plus de conseils et de découverte. Plus important encore, le Village « Contrat de Solutions » accompagne les agriculteurs dans leur adaptation. En effet, les consommateurs les interpellent sur l’impact de leurs pratiques sur l’environnement. L’enjeu est d’assurer la protection contre les ravageurs dans des conditions économiques, viables et efficaces.
Cette dimension de conseil, partout présente, permet aux agriculteurs d’aborder avec sérénité cette évolution inéluctable.
Coups de cœur d’InnovAgri !
Un tracteur qui roule au méthane ! Il dispose d’une puissance et d’un couple moteur équivalents à son homologue en formule diesel. Il est annoncé avec un coût d’utilisation de 30% inférieur à son homologue classique.
L’entraide à grande échelle grâce à une plateforme en ligne sur laquelle les adhérents échangent des services sans sortie de trésorerie. Calquée sur les principes de l’entraide agricole, cette organisation a la grande originalité de fonctionner en réseau. L’entraide n’est plus de « un à un » car le service peut être compensé par la prestation de n’importe lequel des membres.
La location de matériels spécifiques. Un agriculteur diversifie ses revenus grâce à une étude de marché pour des matériels très spécifiques qui ne servent parfois que quelques heures sur une exploitation. Loin de concurrencer les loueurs professionnels, il créé une offre sur des marchés de niche.
E. Ségard pour terreconnect.fr
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