Avec la très grande volatilité des matières premières, des taux et des monnaies, les banques sont face à une baisse de leur marge, qui est la conséquence directe des taux d’intérêt très bas depuis quelques années maintenant (toutes les banques centrales ont baissé leur taux et procédé à des afflux massifs de liquidités qui devaient générer de l’inflation et donc créer de la croissance).
Premier bilan, premières constatations
La faiblesse des taux est à mettre en parallèle avec de mauvaises prévisions de croissance à court terme et à des prévisions très limitées de la reprise de l’inflation.
Alors que les banques Françaises ont présenté des résultats 2015 en hausse le cours de leurs actions a été « martyrisé » par les marchés.
Pour les banques, la page de la crise est enfin tournée, alors que pour les marchés, la prochaine crise est peut être juste devant nous. Certains banquiers sont devenus comme beaucoup assez « court-termistes, avec une vision sur leurs prochains bilans, à un ou deux ans, les marchés, quant à eux sont « moyen-termistes » ils ont analysés, ils anticipent que la fête est finie, bien que les marchés ont connu en février et début mars 2016, un certain redressement.
Les marchés prédisent, eux, trois mois de répit avant une nouvelle baisse, ils s’attendent à une année 2016 semblable à 2008 en termes de performances.
Les marchés qui anticipent savent aussi que les banques, devenues depuis 2007/2008 conservatrices vont devoir affronter le délicat tournant numérique, qui va « affaiblir » leurs chaines de valeur ajoutée, une partie du métier de banquier ne sera plus fondé sur la technique financière mais sur la technologie pure et dure.
Et le pétrole dans tout cela ?
Les cours actuels, même s’ils tendent à se renforcer, ne permettent plus la rentabilité des sociétés investies dans l’exploitation des nouvelles sources de pétrole (gaz de schiste, sables bitumineux), dans la mesure où leur prix de revient est très supérieur à ce qu’il est en exploitation des forages conventionnels. Par voie de conséquence, on peut s’attendre à des défauts de paiement, sans parler de la faillite de telle ou telle société, qui auraient des répercussions sur les organismes financiers qui les financent. Mais, d’après les experts, ceci ne devrait être cantonné qu’aux seuls États Unis.
S’ils sont un peu optimistes, les marchés espèrent voir un retour à une certaine stabilité macroéconomique dans la deuxième moitié de l’année (à partir de septembre). Si nous sommes pessimistes, nous connaitrons peut être une crise cyclique, comme nous en connaissons tout les 7-8 ans, mais pas généralisée comme en 2008.
Les banques plus sereines
Le bon côté des choses par rapport aux crises précédentes, c’est que les banques savent aujourd’hui ce qu’elles ont dans leurs bilans. Pour preuve, l’enveloppe des subprimes au niveau mondial, s’élevait à un peu moins de 2.500 milliards de dollars en 2007/2008 ; les seules mauvaises nouvelles aujourd’hui pourraient venir de leur exposition au secteur pétrolier et gaz de schiste, leurs encours mondial pour ce secteur devrait se limiter à un peu plus de 500 milliards de dollars (acceptable & pas critique), enfin durant la même période, 2016 par rapport à 2008, le ratio de solvabilité des banques s’est très fortement amélioré.
Leurs clients aussi
Donc à priori, il n’y a aucune raison objective d’être inquiet pour les banques françaises, lesquelles banques ont fait un ménage certain dans leur bilan depuis 2008 et ont toutes aujourd’hui un service interne dédié pour éliminer ou limiter fortement les prises de risques. On peut aussi s’en convaincre en lisant le résultat des tests effectués sur les 19 principales banques françaises, répondant à la demande des autorités bancaires européennes.
Alors quelles peuvent être les conséquences des taux bas ?
Pour les économistes, la stagnation ou déflation des prix est une menace. Car dans un contexte de chômage de masse et de croissance insignifiante la baisse des prix ne stimule pas la consommation et entraîne la plupart du temps un report des achats (cercle vicieux) et la chasse aux prix les plus bas qui freinent la reprise de la croissance.
Pour les états, les taux bas permettent de continuer à s’endetter, donc à continuer à vivre au-dessus de leurs moyens. Le jour où ces taux augmenteront brutalement, la fin de nos économies endettées sera proche.
Pour les consommateurs, en période de crise dans un pays avec un fort taux de chômage, les taux négatifs liés à une inflation quasiment négative est une bonne nouvelle. Cela évite de se voir refuser une hausse de salaire qui devient moins cruciale puisque les prix à la consommation sont stables.
Pour les investisseurs, les épargnants ou les acheteurs d’obligations d’État, dont les régimes et fonds de pension, cette baisse des taux est en fait une forme de taxation qui rémunère l’écrasement anormal de toutes les primes de risque. Près d’un tiers des obligations souveraines à court et long terme présentent des rendements négatifs. Le FMI estime qu’une persistance en ce sens mettrait en danger 24% des assurances vie européennes de taille moyenne.
Les emprunteurs sont certainement les seuls qui peuvent se réjouir. S’il envisage de réaliser un investissement immobilier ou acquérir des biens d’équipement, une automobile, financer une rénovation, … la baisse des taux ne peut qu’être favorable à une relance de l’économie française voire européenne, à condition que les biens achetés soient fabriqués en France ou en Europe.
Quant aux banques, elles doivent donc payer pour placer leurs liquidités auprès de la BCE, c’est-à-dire que, lorsque les banques placent les dépôts à vue non rémunérés de leurs clients à ces taux, elles sont perdantes, à moins de répercuter aussi à leurs clients un coût équivalent (intérêt négatif) sur les dépôts. Aucune banque, n’a pour le moment osé le faire.
Ces taux négatifs vont avoir un effet négatif très important sur le Produit Net Bancaire des banques de dépôt. Car ce phénomène d’entrée en taux négatifs bouleverse l’équilibre qui c’était établi entre dépôts non rémunérés et services, chèques etc. non facturés aux clients. Certaines banques commencent en 2016 à facturer un forfait pour ces services, la prochaine étape pourrait être la restructuration des réseaux.
Conclusion
Les banques vont certainement continuer à s’orienter vers la diversification et l’intensification de nouveaux services, assurances, téléphonie, courtage automobile, immobilier, etc., car nous sommes tous entrés dans une zone étrange et atypique, celle des taux d’intérêt négatifs. Personne, y compris les dirigeants des banques centrales, ne savent vraiment ce qui va en résulter. Il va nous falloir faire preuve d’adaptabilité, il va aussi falloir acquérir la capacité à dépasser positivement des situations financières, totalement nouvelles et adverses, que nous n’imaginons pas aujourd’hui.
Enfin après la fermeture de nombreux commerces de centre ville, on va maintenant certainement voir la fermeture de nombreuses agences bancaires dans les villes petites ou moyennes de province, ainsi qu’à Paris.
D’après un article de bernard jomard, publié sur https://www.linkedin.com/pulse/
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