Le non-paiement des fermages découle soit de difficultés de trésorerie soit d’arrangements familiaux. Quelles sont alors les conséquences de ces défauts de paiement ? Comment les traiter comptablement et fiscalement ? Quelles solutions proposer ?

Quelles sont les conséquences du non-paiement de fermages ?

Les conséquences juridiques

Le premier risque du non-paiement de fermages est le risque de résiliation du bail. Le défaut de paiement est en effet un motif autorisant le propriétaire à :

  • demander la résiliation du bail ;
  • refuser le renouvellement du bail.

Le défaut de paiement découle de deux non-paiements ayant persisté 3 mois après mise en demeure. Cela couvre ainsi les cas suivants :

  • une échéance de fermage non payée ayant fait l’objet de deux mises en demeure infructueuses ;
  • deux échéances de fermage non payées ayant fait l’objet d’une mise en demeure restée infructueuse.

En application du code civil, le fermage non payé se prescrit par cinq ans à compter de son échéance. Cela implique, au terme des cinq ans que le propriétaire :

  • ne peut plus exiger le paiement de la dette de fermage ;
  • ne peut pas utiliser ces défauts de paiement pour engager une action en résiliation.

Cette prescription devra alors être constatée comptablement ; la charge de fermage dont le paiement est prescrit sera comptabilisée en produit exceptionnel.

Le bailleur pourra par ailleurs obtenir des intérêts de droit sur le montant des impayés pour lesquels il a adressé une mise en demeure.

Le propriétaire a donc intérêt à ne pas laisser « traîner » les loyers impayés. Il doit engager rapidement des démarches pour obtenir le paiement des fermages qui lui sont dus.

Les conséquences fiscales

Mais le propriétaire ayant vainement entrepris des démarches pour se faire payer par son locataire n’aura pas à déclarer les loyers non encaissés.

A l’inverse, les fermages sont des recettes encaissées.

Le propriétaire qui n’a rien entrepris pour obtenir le paiement de ses loyers pourra être considéré comme consentant une libéralité au preneur.  Cette qualification, fonction des liens entre le propriétaire et le fermier et de l’intention du propriétaire, pourrait entraîner une taxation au titre des droits de donation.

Cas particulier du bail consenti à un enfant

Outre cette fiscalité, cela peut impliquer un déséquilibre dans les avantages consentis à certains membres de la famille et donc être source de conflit au moment des transmissions.

Que faire lorsque l’on constate un non-paiement de fermages ?

Le conseil des juristes en droit rural

Nos comptables et conseillers (juristes en droit rural) rencontrent régulièrement des situation de non-paiement de fermages et tout particulièrement au cours depuis 4 ou 5ans avec les difficultés de trésorerie que connaissent les agriculteurs.

Alors, pour ne pas subir les risques évoqués dans le tableau ci-dessus, il faut agir avant le délai de 5 ans de la prescription. Dans tous les cas, nous insistons sur le risque encouru, la résiliation du bail et donc la perte de son outil de travail…

Dans notre conseil, nous distinguerons :

1. Le cas où le fermier a l’intention de payer :

Ce cas correspond au fermier qui souhaite payer mais a des difficultés de trésorerie. L’agriculteur peut avoir besoin d’aide pour :

  • prioriser les paiements en fonction de leurs risques ;
  • demander / formaliser des aménagements aux conditions de règlement pour les fermages ou les autres dettes.

2. Le cas où le fermier n’a pas l’intention de payer :

Le cas où l’exploitant n’a pas l’intention de payer et le propriétaire ne demande pas le paiement correspond généralement à des situations familiales. Dans de telles situations où la volonté libérale guide le non-paiement des fermages, il convient de se faire accompagner dans la réalisation de ces libéralités : don manuel, donation par acte notarié, donation- partage…

La donation doit permettre de mettre fin aux risques susvisés tout en évitant de futurs différends familiaux.

Le cas d’un paiement partiel

Le non-paiement d’un fermage (ou loyer) s’entend pour tout ou partie de la somme due.
Ainsi, le paiement partiel n’est pas libératoire ; c’est à dire qu’un paiement partiel est considéré, au regard de la loi, comme un non-paiement. Le fermier qui ne verse qu’une partie s’expose à une action en « non-paiement ».

Source : Cerfrance Alliance Centre, 25/06/2018 – Référence : article L.411-31 1° du CRPM. Publié 20/11/2018, mis à jour nov. 2021.