En Eure-et-Loir, la campagne 2019-2020 se caractérise par des événements climatiques marqués. Leur conséquences sur les marges sont très fortes. La situation est grave et l’avenir de nombreuses exploitations est en réflexion.

Présentation de l’échantillon

L’Eure-et-Loir reste très marqué par sa vocation céréalière. Car ce système représente près de 60% des exploitations. Très présente dans le nord du département (80%), la production céréalière est associée à l’élevage dans le Perche et aux cultures de légumes de « plein champ » dans le sud du département, en Beauce Dunoise. Ainsi, la production céréalière n’est présente que sur 50% des surfaces.

Ainsi, l’assolement est resté plus stable en Eure-et-Loir depuis 2 ou 3 ans, que dans d’autres départements comme le Loiret ou le Cher. Mais on note seulement un léger recul des surfaces en blé au profit du colza. Finalement, les trois cultures prédominantes en Eure-et-Loir restent le blé, l’orge d’hiver et le colza.

Rendements

Le rendement « blé tendre » est très variable. L’amplitude « plus » / « moins » est de – 10 % en orges et colza, -20 % pour blé et pois protéagineux, alors que les blés durs affichent un rendement moyen équivalent à celui de 2019.

Evolution des rendements

Eure-et-Loir évolution rendements
Evolution des rendements

En évolution pluriannuelle, c’est surtout l’orge d’hiver qui est pénalisée ; il est inférieur à son niveau de 2016 (5,9 contre 6,1 t/ha). Le colza quant à lui inscrit son rendement moyen de 2020 dans la tendance des 5 dernières années. Mais la variabilité est plus forte.

Les composantes du produit

Evolution du produit/ha entre 2019 et 2020 – Grandes cultures sans betteraves ni légumes

La baisse des rendements entraîne une baisse du produit de l’ordre de 190 €/ha, compensée seulement pour 40€/ha par la sensible hausse du prix moyen (estimée à +10€/t).

Evolution des charges/ha entre 2019 et 2020 – Grandes cultures sans betteraves ni légumes

S’appuyant sur les premières estimations et enquêtes, il semble que les charges d’exploitation devraient rester au même niveau qu’en 2019. Le plus notable est la hausse du poste « engrais » entièrement compensée par la baisse du poste « traitements ».

Carburants, fermages amortissements et frais financiers seraient du même niveau qu’en 2019. Seules cotisations sociales semblent augmenter de 5 à 10% selon les situations (effet de la dynamique des revenus des trois dernières années).

Eure-et-Loir évolution charges
Evolution du produit, des charges – Grandes cultures sans betteraves ni légumes – €/ha constant

Après avoir remonté chaque année depuis 2007 jusqu’en 2013-2014, les charges de structure ont, depuis, diminué régulièrement, de 3 à 5 % par an. Cela s’explique par la conjoncture « carburants » jusqu’en 2016, la répercussion des résultats sur les cotisations sociales d’exploitant et les fermages.

Les charges « proportionnelles » ont été influencées par une baisse des consommations et un relâchement sur l’emploi des engrais en 2018.

Au final, 2020 serait la deuxième plus mauvaise année depuis 20 ans.

Les résultats en Eure-et-Loir

Eure-et-Loir évolution résultat
Evolution des résultats par UTAF – Grandes cultures sans betteraves ni légumes – € constants

EBE et résultat par UTAF suivent une lente diminution, parallèle à celle des aides qui se montent, en moyenne, à 24 000 €/UTAF (aides/UTAF en 2020 environ 37 000 €/UTAF.

Le résultat moyen par UTAF de 2020 s’établit autour de 4 300 € (contre 23 000 €, en moyenne sur 10 ans et 11 300 € en moyenne sur les 8 dernières années).

Eure-et-Loir évolution EBE
EBE et besoins financiers – Grandes cultures sans betteraves ni légumes – €/UTAF

Pour compenser les mauvais résultats de 2016, les exploitants ont surtout réduit leurs prélèvements privés pour préserver la trésorerie.

Par contre, sur 2018, on a constaté moins d’investissements sur les exploitations, ce qui a permis de consolider les trésoreries sans pour autant les ramener à leur niveau antérieur.

En 2019, les prélèvements privés ont repris et des prêts de trésorerie ont été souscrits pour assurer l’équilibre. En effet, le montant des emprunts est supérieur aux besoins d’autofinancement. Cela entraîne une stabilisation des fonds de roulement.

Finalement, en 2020, la baisse de l’EBE semblerait plus facile à absorber qu’en 2016.

Conclusion, la « résistance » des exploitations d’Eure-et-Loir

Les résultats de 2019 des exploitations « Grandes cultures avec betteraves » sont comparables à la moyenne 2011-2020. Par contre, tous les systèmes d’exploitations voient leur résultat courant 2020 « plonger ». La baisse est en effet très sévère, allant de 60% dans le Faux-Perche à 80% en Beauce. Les exploitations d’élevage du Perche sont aussi les plus durement touchées, leur résultat moyen est négatif.

La part des exploitations à risque « élevé » augmente encore puisqu’elle représente 27% des exploitations de l’échantillon. Celles des « situations risquées », se stabilise autour des 10%. Mais les limites sont vite atteintes et les exploitants compensent au prix d’efforts importants, ou en décapitalisant. La restructuration, quand elle est possible, doit intégrer une réflexion profonde sur l’ensemble des moyens de production.

Sur le même sujet, « Les résultats 2019 dans le Loiret«